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Les PHILIPPINES, 1er février au 22 mars 2020


Ce qui nous a attirés aux Philippines, c'est avant tout le soleil, les innombrables îles, plus de 7 000, les plages et les poissons tropicaux. Bien sûr, on aurait pu aussi aller voir le nord du pays et visiter ses magnifiques rizières et ses volcans mais on a préféré prendre notre temps et bien savourer chacun des endroits où nous nous sommes posés, quitte à y rester plusieurs jours si on avait un coup de cœur.

Nous avions planifié un voyage de 10 semaines mais avec l'épidémie de Covid-19 qui a pris des proportions de pandémie en mars, il a fallu écourter notre séjour qui a quand même été de 7 semaines, ce qui nous a laissé amplement le temps de savourer les Philippines et faire le plein de chaleur avant de revenir dans l'hiver québécois!




Quelques mots d'abord sur le pays.

Archipel des Visayas (en jaune)
« Les Philippines se démarquent du sud-est asiatique, tant au plan géographique que religieux et culturel. Héritage de plus de trois siècles de domination espagnole, le catholicisme y prédomine. L'ère coloniale a également laissé son lot de célébrations exubérantes et de vénérables églises. Les centres commerciaux, les fast-foods et l'anglais omniprésent témoignent quant à eux de l'influence des Américains, qui succédèrent aux Espagnols(guide Lonely planet).»

Donc, on ne va pas aux Philippines pour voir des temples ni pour déguster une cuisine typique et raffinée mais plutôt pour y rencontrer un peuple accueillant et souriant et savourer la douce vie des îles tropicales.

Notre séjour aux Philippines s'est déroulé dans l'archipel des Visayas au centre du pays, des îles parfois minuscules, parfois plus grandes mais qui affichent, pour la plupart, une densité importante de population, celle-ci étant concentrée sur les côtes, le centre des îles étant souvent volcanique avec des reliefs très escarpés.

Nous avons séjourné sur les îles de Cebu, Bohol, Siquijor et Negros. Nous avions l'intention d'aller également sur Palawan, une île plus isolée à l'ouest des Visayas mais notre départ hâtif nous a empêchés de découvrir cette belle île très réputée pour ses paysages magnifiques semblables à la baie d'Halong au Vietnam. Nous n'avons pas eu le temps non plus d'explorer Negros comme nous l'aurions voulu... ce sera pour une prochaine fois...

Mentionnons enfin que c'est en 2013 que les Visayas ont été frappées par un super-typhon, Yolanda, qui a fait plus de 6 000 morts selon le gouvernement, le double selon plusieurs observateurs indépendants. Même si la nature a effacé toute trace du typhon et que la vie a repris son cours depuis, on remarque facilement que, pour de nombreux philippins, la vie est encore économiquement difficile, on voit beaucoup de pauvreté, des habitations très sommaires.

 La Basilica minore del Santo Nino, la plus vieille église des Philippines fondée en 1565

Île de Cebu, 3 au 5 février 2020


On a choisi de ne pas passer par Manille, la capitale du pays, qui jouxte Quezon city qui, à elles deux, comptent plus de 4,6 million d'habitants et grand bien nous en fit car à la fin de notre séjour, il était devenu impossible de transiter par Manille, la ville ayant été mise en quarantaine, coronavirus oblige... On atterrit donc plutôt à Cebu city sur l'île du même nom, une ville de 1,5 millions d'habitants, la capitale des Visayas, à 800 km au sud de Manille. Port d'entrée et de sortie des Philippines, son intérêt est donc d'abord d'ordre pratique pour nous mais on découvre qu'elle est très importante d'un point de vue historique aussi.

« Lorsque Fernand Magellan entra dans le port de Cebu, le 7 avril 1521, il débarquait après bien d'autres ainsi que le relate un témoin de l'époque : « De nombreux vaisseaux du Siam, de Chine et d'Arabie mouillaient dans le port. Les gens mangeaient dans de la vaisselle en porcelaine et faisaient grand usage d'or et de bijoux... » S'il n'était pas le premier étranger à visiter Cebu, Magellan apportait une nouveauté : le zèle missionnaire. Même sa mort des mains du chef guerrier Lapu-Lapu quelques semaines plus tard n'apporta qu'un bref répit aux autochtones avant les incursions des conquistadors. L'arrivée du vengeur espagnol Miguel Lopez de Legazpi en 1565 livra Cebu, puis toutes les Philippines, au trône castillan et au catholicisme. Cebu fut donc la première colonie espagnole aux Philippines, 7 ans avant Manille."


On reste donc 3 jours à Cebu, le temps de se poser et d'apprivoiser les façons de faire du pays. Une visite de la vieille ville et de son marché ne nous laissera pas un souvenir indélébile. La Basilica minore del Santo Nino est le seul monument notable de la ville. Plus vieille église du pays, elle a été fondée en 1565 et abrite une statue du Christ enfant de l'époque de Magellan, statue très vénérée par les philippins qui, encore aujourd'hui, sont très pratiquants comme on a pu le constater en maintes occasions : un chapelet pendouille dans tous les bus et jeepneys et le chauffeur lui fait une petite caresse lorsqu'il passe devant une église en plus d'esquisser un signe de croix; les églises sont bondées le dimanche et les fidèles chantent avec ferveur.


Un jeepney allongé



À Cebu, on s'initie également avec plaisir au mode de transport en commun préféré des philippins en ville, le jeepney, une façon très économique de se déplacer. Les premiers jeepneys étaient des jeeps rafistolées laissées par l'armée américaine après la Seconde Guerre mondiale. Elles ont ensuite été adaptées à la sauce philippine à grand renfort de chrome, de phares colorés, de peintures de la Vierge Marie et de scènes tirées des bandes dessinées, typique à souhait!
Dans les plus petites villes, ce sont des tricycles motorisés qui sont plutôt utilisés; soit il est réservé par une ou deux personnes pour un trajet, soit on le partage, à 5 ou 6, en plus du chauffeur. Il s'agit de le héler au passage, il y en a plein, partout, toujours. Il y a aussi le habal-habal, soit un chauffeur de moto qui vous propose de monter derrière lui et de vous conduire à destination. 
Enfin, à Cebu, comme dans toute grande ville asiatique, on y retrouve des centres commerciaux qui n'ont rien à envier aux nôtres, on se croirait en Amérique, mais aussi des quartiers très pauvres et délabrés, alors après trois jours, on se dit, vivement la campagne, les îles et l'air pur!

Île de Bohol

Panglao et Loboc, 6 au 13 février 2020

La belle plage de Dumuluan sur Panglao





L'île de Bohol est située à une trentaine de kilomètres à l'est de Cebu. On y accède facilement en traversier depuis Cebu et notre premier arrêt sera la petite île de Panglao, tout au sud de Bohol, qui est réputée pour ses plages. Nous évitons les plages touristiques et achalandées et choisissons Dumaluan beach, à 10 minutes à pied de notre hébergement. Tranquille, bordée de cocotiers et d'hôtels luxueux, nous y passerons du bon temps à lire, à marcher sur la plage et à faire saucette pour se rafraîchir. Certaines journées sont pluvieuses et venteuses; il y aurait des excursions de snorkeling à faire dans les environs mais des touristes rencontrés nous les déconseillent, la mer est agitée, les fonds marins sont brouillés, ça ne vaut pas le coût.  Après 5 jours de ce régime de farniente, on se décide à aller explorer les principales attractions de l'île de Bohol, les Chocolate Hills et les tarsiers.

Pour ce faire, on déménage à Loboc, une petite ville tranquille du centre de l'île traversée par la rivière du même nom. Pour aller voir les Chocolate hills, une trentaine de kilomètres depuis Loboc, on loue une moto. C'est une excellente façon de voir du pays, les routes sont peu encombrées en dehors des villes et la circulation pas du tout stressante. Il y a peu d'automobiles et de camions, les philippins circulant principalement à moto; pas de vitesse excessive, pas d'incessants bruits de klaxon, on avise toute simplement quand on veut dépasser, les piétons marchent dans la rue sans problème; « la route, ça se partage », les philippins ont très bien compris cela, bravo à eux!

Les Chocolate Hills sur Bohol

Les Chocolate Hills, ce sont d'innombrables collines qui peuplent le centre de l'île et qui arborent une teinte brunâtre à la saison sèche, d'où leur qualificatif de « chocolatée ». Les collines s'étendent à perte de vue, on en dénombre plus de 1 200. Selon les scientifiques, elles résulteraient du soulèvement d'anciens dépôts de coraux façonnés ensuite par les effets combinés de la pluie et de l'érosion. On grimpe une des collines pour avoir un bon  point de vue. Même si les pluies récentes nous privent de l'effet «chocolaté », le déplacement en valait la peine,  c'est effectivement un paysage inusité. Toutefois, après quelques photos et vidéos, il n'y a pas beaucoup d'autre chose à faire sur le site; il y a bien des touristes qui sillonnent des sentiers en VTT à la base des collines mais on n'y voit pas d'intérêt autre que de laisser des traces boueuses dans le sol, on retourne donc vers notre hôtel.

Le Musée du riz de Bohol
En route, on s'arrête toutefois au sympathique et minuscule « Musée du riz ».  Une dame, timide au premier abord, nous guide à travers le musée qui est en fait une petite grange vieillotte qui abrite de vieux outils qui étaient utilisés pour la culture du riz (humay). Son anglais est sommaire mais, encouragée par nos nombreuses questions, elle devient souriante et plus volubile. Elle nous explique que dans la région, ils font deux récoltes de riz par année, chacune prend trois mois; entre chaque récolte, on laisse à la terre le temps de se reposer. Le riz cultivé aux Philippines est pour une consommation locale, ils ne produisent pas suffisamment pour en exporter nous dit-elle. Aujourd'hui, la culture et la récolte sont davantage mécanisées, on voit d'ailleurs dans les champs des petits engins qui servent à battre le riz.


Un tarsier... observez ses longs doigts... on dirait E.T. non ?









Puisqu'on a la moto, aussi bien en profiter! Après avoir reposé nos fessiers (60 km c'est quand même dur pour les fesses quand on n'est pas habitué...) et bien lunché, on reprend la moto et on se dirige vers le « Sanctuaire des tarsiers ». L'endroit est en fait un centre de conservation pour les tarsiers, ces petits mammifères aux grands yeux. Une bonne centaine de ces primates vient à proximité immédiate du centre, mais il y en a seulement quelques uns dans l'aire d'observation accessible aux visiteurs.

Le tarsier est en fait un petit singe à l'allure à la fois comique et adorable qui peut tenir dans le creux d'une main. On dit qu'il peut sauter à 5 m de distance, tourner sa tête à presque 360 degrés et orienter ses oreilles en direction du bruit. Ses immenses yeux implorants sont 150 fois plus grands que les yeux humains compte tenu de sa taille. Le tarsier, présent depuis 45 millions d'années est non seulement l'un des plus petits singes de la planète, mais le plus ancien survivant du groupe des primates. C'est aussi une espèce en voie de disparition. Sa survie est particulièrement menacée par la destruction de son habitat, l'introduction d'autres espèces, la chasse et le commerce d'animaux de compagnie.

Nous réussissons à en voir trois spécimens de très près. Ils sont tellement petits et se confondent tellement bien avec la végétation que, n'eût été notre guide, nous serions passés à côté d'eux sans les voir! Nous repartons du sanctuaire bien contents de notre découverte, ça valait le détour!

Au retour, nous faisons une crevaison avec la moto, rien de bien surprenant, les pneus sont « sur la fesse », comme on dit chez nous...! Je marche environ un mille pour soulager le pneu arrière et Réal réussit à se rendre à un petit atelier qui, pour $1,25, répare notre crevaison sur le champ. Ce fut une journée bien remplie!

Île de Siquijor

San Juan, 14 au 18 février 2020

La plage de San Juan à marée basse







Une autre traversée en bateau, de 3 heures celle-ci, nous transporte de Bohol à Siquijor. Pour la plupart des philippins, Siquijor est un monde à part, empreint de sorcellerie et de mystère. La petite île de 75 km de circonférence est réputée pour ses guérisseurs des montagnes qui soignent des maladies au moyen d'onguents traditionnels. Pour les touristes toutefois, Siquijor est plutôt synonyme de plage et de plongée. Comme sur de nombreuses plages des Visayas, la baignade n'est toutefois possible qu'à marée haute.

Des plats succulents chez Coco Grove resort après une plongée au sanctuaire marin de Tubod

À San Juan où nous résidons, nous repérons un bon endroit pour le snorkeling, la plage de Tubod, qui jouxte un bel hôtel en bordure de plage, le Coco resort. On adopte donc l'endroit pour nos sorties quotidiennes. Le personnel du Coco resort est très sympathique et il nous donne accès à toutes leurs installations, transats, douche, piscine etc. puisqu'on prend le lunch dans leur restaurant en bord de plage, le grand luxe quoi!

Le vieux banyan de 400 ans à Campanalas et son fish spa

Comme dans toutes les îles, la moto est le meilleur moyen de visiter les alentours. C'est donc à moto que nous nous rendons au village de Campalanas où se dresse un magnifique balete (banyan), vieux de 400 ans et enchanté selon certains. Juste devant l'arbre s'étend un bassin alimenté par une source et grouillant de poissons nettoyeurs; on s'y plonge les pieds pour une séance gratuite de « fish spa »!

Île de Negros

Dauin, 19 février au 8 mars 2020

Depuis Siquijor, un traversier nous transporte à Dumaguete sur l'île de Negros. Une petite balade en bateau de 25 km environ. Dumaguete, une ville universitaire animée, est la capitale de l'île. On choisit de se baser pas très loin, à une quinzaine de kilomètres à Dauin, petite ville en bord de mer réputée pour ses récifs coralliens et ses centres de plongée. On y déniche un merveilleux petit hôtel d'une dizaine de chambres, Baki Divers. Au bord de la mer, c'est une ancienne maison de style colonial tout confort avec piscine, excellent resto, centre de plongée et un merveilleux récif pour faire du snorkeling juste en face de l'hôtel. On ne peut demander mieux! On avait réservé pour 3 jours, on y séjournera finalement 3 semaines!!!

Que du bonheur chez Baki Divers à Dauin !


Réal obtient 96% à son examen théorique de plongée.
Son prof, Jérémie est bien fier de lui !
Réal en profite pour faire sa certification de plongée sous-marine. Même s'il avait à son actif une vingtaine de plongées, il n'avait jamais suivi de formation en plongée. Le divemaster chez Baki est francophone et sympathique, on se dit : pourquoi ne pas en profiter pour régulariser la situation et ainsi s'assurer à l'avenir de pouvoir plonger plus facilement sans avoir à négocier à chaque fois une permission spéciale ? D'autant plus qu'aux Philippines, la plongée est un marché très lucratif et bien encadré, on ne fait pas de passe-droit, il faut suivre les règles; d'ailleurs, aux Philippines, les touristes, même ceux qui sont certifiés, ne peuvent plonger sans être accompagnés d'un divemaster. C'est donc chez Baki Divers que Réal suivra sa formation et obtiendra sa certification. Lucie, certifiée depuis 1999, en profitera aussi pour renouer avec l'activité car elle n'avait pas plongé depuis 10 ans. Tout le personnel de Baki a été fort impressionné par la performance de Réal! C'était la première fois qu'ils certifiaient quelqu'un de 75 ans (presque 76)! Un record pour eux! Tous l'ont chaleureusement félicité et lui ont témoigné leur admiration. Ils ont même mis un message sur leur Facebook pour le souligner. Bravo Réal!

Voyez-vous le poisson grenouille ? Expert en mimétisme, il a pris la couleur du corail
Jour de marché à Malatapay

Ce sont donc trois merveilleuses semaines que nous avons passées à Dauin chez Baki Divers à alterner entre snorkeling et plongée avec bouteilles, le tout agrémenté de grandes marches sur la plage et de lecture au bord de la piscine. En passant, Baki signifie «grenouille»,  plutôt sympa n'est-ce pas? La raison en est que, sur le récif en face de Dauin, on y retrouve un poisson bien spécial qu'on appelle frog fish, poisson-grenouille en français. Il s'agit d'un poisson de forme atypique, sans écale et de couleur vive qui pratique le mimétisme pour se camoufler et attirer ses proies. Certains poissons-grenouilles sont recouverts d'algues ou autres particules pour mieux se camoufler. Seul un œil averti peut les repérer et parfois, même si le divemaster nous le pointe, on peine à les distinguer. Une belle découverte pour nous, c'était la première fois qu'on pouvait en observer.

Près de Dauin, à Malatapay, on a pu aussi se mêler à la population pour le jour du marché. Un marché très coloré, avec beaucoup de fruits, de légumes, de poissons et aussi des animaux de la ferme : poules, cochons, vaches, carabao (buffles) et chevaux.

Très typique, le tout dans une ambiance relax avec des karaoké comme fond sonore...!

Île d'Apo

Apo, 9 au 13 mars 2020

La petite île d'Apo, célèbre pour son sanctuaire marin

En face de Dauin, à moins de 40 minutes de bangka (petit bateau à balancier), il y a la minuscule île d'Apo qui nous regarde sans arrêt et nous appelle... La réserve marine d'Apo est en effet considérée comme l'un des plus beaux sites de plongée des Philippines. Avec une certification toute fraîche en poche, on ne pouvait pas manquer cette opportunité. Nous y sommes donc allés pour un séjour de 4 jours. Il faut dire qu'Apo n'est pas très développée et les infrastructures touristiques y sont minimales. Un seul village, pas de route, des trottoirs de bois, quelques hôtels (modestes), l'électricité et internet 4 heures par jour, pas d'eau douce sur l'île (on accumule l'eau de pluie dans des réservoirs) etc. La plupart des gens viennent faire de la plongée sur Apo depuis Dauin avec des excursions de bateau d'une journée et ne touchent même pas terre.

Des plongeurs comblés à Apo !

Nous avons fait 3 plongées bouteilles à Apo et aussi du snorkeling. Pour notre dernière plongée, les conditions de vent et de marée étant favorables, on a pu avoir accès au plus beau site de plongée d'Apo, Coconut Point, et nous n'avons pas été déçus! Apo mérite bien sa réputation, c'est vraiment un site exceptionnel par la diversité de ses poissons mais aussi par la beauté du récif corallien. À Coconut, c'est une plongée dite « dérive », c'est-à-dire qu'on plonge à un endroit et on se laisse dériver avec le courant et le bateau vient nous cueillir en aval. Et, croyez-nous, le courant nous déménage à vive allure! Pas question de s'arrêter pour prendre une photo, c'est comme si un film se déroulait sous nous! Assez spectaculaire merci!

Tortue imbriquée ou à écailles d'Apo

À Apo, il y a également beaucoup de tortues, des tortues vertes et des tortues imbriquées. On peut les voir facilement en snorkeling, elles sont habituées aux nageurs et ne s'enfuient pas, c'est merveilleux pour les photographes! Enfin, Apo est également célèbre pour ses couchers de soleil. Tous les soirs, la population se rassemble sur la plage pour admirer les magnifiques couchers de soleil sur l'île de Negros en face, dominée par le mont Talinis. Sublime!

De retour à Dauin, on apprend que les États-Unis viennent de fermer leurs frontières aux européens... la situation en lien avec la Covid-19 se dégrade donc à vitesse grand V. On apprend également que les déplacements entre les îles des Visayas seront interrompus dans 48 heures pour une durée indéterminée. Ca se corse... on s'apprêtait à demander aux autorités une extension à notre visa car il nous restait encore 4 semaines de vacances mais dans les circonstances, on juge préférable de rentrer à la maison. D'ailleurs le premier ministre canadien le demandait à tous les voyageurs, le message était clair : « Rentrez au pays pendant que vous pouvez encore le faire, plus tard, ce ne sera peut-être plus possible. » On annule donc notre réservation chez Baki et on embarque le soir même pour un traversier de nuit qui nous ramène sur Cebu, l'île sur laquelle nous sommes arrivés et qui est dotée d'un aéroport international. Après avoir discuté avec les proprios de Baki Divers, on réalise que ce serait impossible de rester ici, toutes les infrastructures touristiques vont fermer d'ici quelques jours, faute de clients, tous les employés qui nous servent si gentiment depuis 3 semaines, vont perdre leur emploi, probablement pour plusieurs mois. Chez Baki, nous sommes leurs derniers clients. À notre départ, on se serre dans les bras, on se souhaite bonne chance et de la santé, nous quittons le cœur gros. Nous, on rentre chez nous, en sécurité, eux, ils ont des familles et sont maintenant sans emploi, sans ressource. De plus, sans compter la menace sévère du coronavirus dans un pays pauvre où l'infrastructure de santé est insuffisante pour affronter une pandémie.

Île de Cebu

Cebu City, 14 au 16 mars 2020

De retour à Cebu, on se déniche un hôtel sympa avec piscine extérieure et tous les services de sorte qu'on n'est pas confiné à notre chambre. Autour de la piscine, les touristes échangent les dernières informations, tout le monde travaille fort pour se trouver un vol de retour à prix raisonnable, ce qui n'est pas facile. Compagnies aériennes et agences de voyage sont débordées, impossible de les rejoindre, la plupart se résignent à acheter un nouveau billet d'avion alors que d'autres espèrent des vols de rapatriement de la part de leurs pays, particulièrement les allemands et les français.

Dure, dure la vie à Cebu !

Pour notre part, on abandonne assez rapidement l'idée de faire devancer nos dates de départ, impossible de le faire en ligne et impossible de rejoindre la compagnie aérienne et l'agence de voyage. On achète donc de nouveaux billets, via Tokyo, avec Air Canada pour le 24 mars mais ceux-ci sont annulés le lendemain par la compagnie aérienne. On trouve d'autres billets, évidemment plus chers mais on n'a pas le choix, via Séoul, pour le 21 mars. On voulait à tout prix éviter de passer par les États-Unis, la situation avait été rapportée chaotique dans les aéroports américains à ce moment-là. La Corée du sud n'était pas non plus notre premier choix car le pays avait été touché par la pandémie mais le tout semblait maintenant stabilisé et, de toute façon, il n'y avait pas d'autre possibilité raisonnable si on voulait partir rapidement. Le 16 mars, tout est donc réglé, on croise les doigts pour que nos billets ne soient pas annulés dans les jours suivants. Heureusement, cela n'a pas été le cas quoiqu'on le redoutait à chaque fois qu'on consultait nos courriels...

Île de Cebu

Moalboal, 17 au 22 mars 2020

Il nous reste donc 4 jours avant notre départ, aussi bien en profiter, on se dirige donc vers Moalboal sur la côte ouest de Cebu, à 90 km de Cebu city, 3 heures de route pour croiser l'île par la montagne. Même s'il y a très peu de cas de coronavirus aux Philippines, on ne prend pas de chance, on nolise un taxi privé, au diable les dépenses... avec en poche 3 billets d'avion pour revenir d'Asie, on n'est plus regardant sur le coût des transports...!!!

Réal approche le banc de sardines pour une photo

Moalboal est une station balnéaire animée avec un intéressant récif corallien qui s'étend tout près du littoral. En fait, c'est vers Panagsama beach, à 6 km de Moalboal que les touristes se dirigent. Comme nous, plusieurs touristes ont réintégré l'île de Cebu et attendent à Moalboal leur vol de retour.

La Sardine run est la principale attraction de Moalboal. Dessinant d'étonnants motifs géométriques, des milliers de sardines en bancs compacts nagent entre 5 à 7 m de profondeur. C'est un incessant ballet qui se déroule sous nos yeux et nous pouvons y prendre part. On nage vers le banc de sardines et celui-ci s'ouvre pour nous faire de la place et nous sommes aux premières loges pour voir se dessiner, tout en douceur et en harmonie, des formes  les plus élégantes les unes que les autres. Quel spectacle!

Le 20 mars, on quitte Moalboal et même si on n'est là que depuis 3 jours, on voit et on sent déjà la différence. Il y a moins de touristes, certains restaurants sont carrément vides, on annonce un couvre-feu pour le lendemain à 20 heure et une désinfection de la ville dans les prochains jours. Il y a des barrages routiers; on nous permet de circuler parce qu'on démontre qu'on se rend à Cebu pour prendre un vol. En route, un long arrêt obligatoire à un poste sanitaire improvisé en plein-air nous délivre un permis de circuler après avoir pris notre température et qu'on ait rempli des questionnaires quant aux endroits qu'on a visités aux Philippines. Décidément, il est vraiment le temps de partir...

L'aéroport de Séoul est vide !
Tous les segments de nos vols de retour, Cebu-Séoul, Séoul-Vancouver, Vancouver-Toronto (dodo à Toronto) et Toronto-Québec se sont finalement bien déroulés. L'aéroport à Séoul était pratiquement vide, tous les commerces fermés sauf quelques restaurants, pas trop de souci de ce côté-là, la distanciation physique était facile à mettre en pratique. Le long vol Séoul-Vancouver (10 hres) s'est bien déroulé, l'avion n'était pas plein, on a pu se distancer des autres passagers. À notre arrivée au Canada, l'aéroport de Vancouver est nettement plus achalandé. Aux douanes, on nous demande juste si on se sent bien, pas de fièvre? Aucune prise de température, rien, on est surpris... depuis 3 semaines aux Philippines, on prenait notre température à chaque fois qu'on changeait d'île... Pour le vol Vancouver-Toronto, au dernier moment, à l'embarquement, Air Canada nous avise qu'aucune nourriture ne sera servie sur le vol, seule une bouteille d'eau nous sera remise... on s'attrape un sandwich et un fruit au dépanneur de l'aéroport avant d'embarquer. À Toronto, même scénario et on nous remet un feuillet expliquant qu'il faut se mettre en quarantaine à notre arrivée.

Ce fut donc un long retour, au total 44 hres dont 20 hres de vol, mais tout s'est bien passé et le plus important c'est qu'on n'ait pas ramené de virus à la maison, si ce n'est celui du voyage... mais celui-là, on l'avait déjà...!

À la prochaine!